Comme nous venons de le voir dans mon précédent article sur l’enfant intérieur, le fait de « materner » votre enfant intérieur mettra fin aux souffrances qui surgissent de votre passé.
– Mais que dire de la douleur actuelle, celle qui vous étreint ici et maintenant ?
La souffrance qui nous est utile, la souffrance naturelle, a toujours une fin. Un corps physiquement et affectivement sain s’efforce naturellement d’atteindre un état de non-douleur. Il existe des pathologies physiques qui provoquent des douleurs chroniques ; heureusement, la douleur affective n’a aucune raison de devenir chronique, sauf si nous nous appliquons à la ressasser. Le processus naturel de la souffrance, à quelques exceptions physiques près, suit toujours, avec le temps, une courbe descendante. Pour soulager la douleur aussi vite que possible, il faut l’accepter, en prendre pleinement conscience au moment où elle se produit, c’est-à-dire la prendre « à bras-le-corps ».
Il n’y a pas de douleur naturelle sans raison : on subit un traumatisme et celui-ci provoque une souffrance. La souffrance affective provient fréquemment d’une perte : quand nous perdons quelque chose, il est normal d’en ressentir le déchirement. Si nous perdons une chose importante à nos yeux sans en ressentir de souffrance, ce n’est pas normal. ; de deux choses l’une : soit nous n’étions pas attachés à ce que nous avons perdu et, par conséquent, nous ne souffrons pas ; soit nous occultons notre souffrance, et nous sommes incapables de sentiment. Il vaut toujours mieux ressentir sa souffrance, même si nous n’en avons vraiment aucune envie, que de la nier ou de l’occulter car tôt ou tard, il nous faudra l’affronter et elle sera pire à ce moment-là qu’elle ne l’était au départ. Il n’est pas sain d’être incapable de ressentir la souffrance ; les personnes qui sont dans ce cas sont en général des handicapés affectifs. La souffrance est un processus naturel de retour à l’équilibre. Tous les êtres humains la connaissent car elle fait partie de la vie.
La souffrance est un processus de grand talent ; elle nous apprend la patience, l’humilité et l’écoute des autres. Elle nous apprend que nous sommes en vie, et remet les choses à leur juste place. Quand nous souffrons vraiment, nous prenons conscience de la futilité de bien des affaires qui nous plongent dans les soucis et l’agitation. Nous apprenons à mieux tirer parti des périodes où nous ne souffrons pas. Cependant, la plupart d’entre nous préfèrent largement ne pas souffrir et consacrent une énergie considérable à esquiver la douleur. Quelques personnes, en revanche, restent accrochées à leur souffrance : elles s’en servent pour obtenir l’attention des autres, pour que l’on s’occupe de satisfaire leurs besoins, pour fuir la solitude et même pour se sentir plus vivantes. Cette souffrance-là, je l’appelle souffrance artificielle. Longtemps après qu’elle aurait dû disparaître, elle est toujours présente et utilisée pour ses bénéfices secondaires. Un processus fort malsain s’enclenche de la sorte et ce type de masochiste a besoin d’une aide professionnelle pour se libérer de sa souffrance.
Si votre souffrance est réelle, et constitue une réaction normale à la réalité, vous pouvez la minimiser en vous y prenant de la façon suivante :
– acceptez-la, et sachez qu’elle passera ;
– cessez de la combattre, honorez-la dans toute la mesure du possible ;
– cessez de la haïr ;
– ne fulminez pas contre vous-même sous prétexte que vous souffrez ;
– traitez-vous vous-même avec encore plus de douceur et d’amour que d’habitude ;
– faites-vous aider : la plupart des gens peuvent se reconnaître dans votre douleur, car ils en ont eux-mêmes fait l’expérience ; peu importe la raison de votre souffrance au moment où vous demandez de l’aide, car vous pouvez partager la souffrance même si les causes en sont différentes ;
– n’ayez pas peur de votre souffrance : vous avez la capacité d’assumer ce que vous ressentez si vous permettez à votre corps de connaître ses limites ;
– nous avons tous d’extraordinaires ressources analgésiques naturelles programmées en nous pour affronter aussi bien les souffrances physiques que les souffrances affectives ; ne bloquez pas l’utilisation naturelle de ces ressources ;
– sachez que la souffrance passera et, quand elle culminera au point de devenir insupportable, elle commencera à diminuer ;
– prêtez attention aux moments sans souffrance, vous remarquerez qu’ils sont chaque jour plus nombreux ;
– profitez de la douleur pour remettre en place vos priorités : accordez votre attention aux choses qui le méritent vraiment ;
– enfin, admettez que cette traversée du désert vous rendra plus fort, plus attentionné, plus compatissant, plus tolérant et plus aimant.
Monika ♥
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