On m’a maltraité(e) pendant mon enfance : pourquoi est-ce que je continue à me faire du tort ?


On m’a maltraité(e) pendant mon enfance : pourquoi est-ce que je continue à me faire du tort ?

La plupart d’entre nous ont été victimes de violences affectives. Beaucoup trop ont même été victimes de violences physiques, voire sexuelles. On pourrait croire qu’ayant été maltraités par autrui, nous allons tout faire pour ne pas nous maltraiter nous-mêmes. Dans la réalité, c’est exactement le contraire qui se produit. Les enfants victimes de violences tendent à devenir des adultes violents. Cela montre l’influence déterminante de notre éducation sur notre personnalité. On nous enseigne à ne pas nous accorder de valeur, à ne pas prendre soin de nos propres besoins. A cette première école, nous sommes des élèves zélés ; nous avons tendance à nous conformer au rôle écrit pour nous ; ce rôle prescrit que nous ne sommes pas dignes d’être bien traités, que nous sommes « méchants » et qu’il faut nous punir. Les violences précoces dont nous avons été victimes nous dépouillent du respect élémentaire de notre personnalité et nous empêchent de reconnaître de caractère foncièrement bon de notre caractère. Elles nous enfoncent dans le crâne qu’il y a en nous quelque chose d’abominable dont nous devons avoir peur. La violence nous apprend à ne pas nous faire confiance, elle nous enseigne que nous ne méritons pas d’être en sécurité, ni aimés. La violence tue notre élan vital et étouffe notre propension à prendre des risques. Elle nous apprend à réprimer nos propres sentiments, et à manipuler ceux des autres pour subvenir à nos besoins. La violence est un professeur abominable ; le scénario de la violence met en scène des acteurs qui sont tous perdants et s’entraînent mutuellement dans un cercle vicieux et dangereux. Eh bien, ce professeur peut être bâillonné, ce scénario peut être jeté : il y a une issue à ce cercle vicieux.

Pour en sortir, il faut commencer par prendre conscience d’une chose : ce n’est pas vous qui avez écrit ce scénario, vous n’êtes donc pas tenu de vous y conformer. Ce n’est pas de votre faute si vous avez été éduqué de la sorte et vous n’êtes pas responsable des violences que vous avez subies. Vous ne les méritiez pas. Elles échappaient à votre maîtrise. Vous êtes totalement innocent ! Même si vous étiez un enfant « insupportable », vous ne méritiez pas d’être maltraité ; aucun être humain ne mérite ça. La question de savoir qui avait tort ne se pose même pas : c’est votre agresseur qui avait tort, de A à Z. Vous devez accepter le fait que vous êtes une victime, que vous n’avez rien à cacher et qu’il n’y a rien là de honteux. Vous n’avez pas à vous pardonner quelque chose qui n’était pas de votre faute. Oubliez tous remords : ce n’est pas vous qu’ils doivent ronger. Répétez-vous encore et encore :

« Ce n’était pas de ma faute ! »
… jusqu’à ce que vous soyez parfaitement convaincu. Cette première étape est vitale.

Deuxième étape du scénario : reconnaître que vous êtes bon. Peu importe ce que vous avez fait ou ce que l’on vous a fait : vous êtes bon. Votre nature est bonne, c’est inné.
Vous êtes venu au monde avec et vous quitterez celui-ci avec, sauf si vous persistez à la nier et à la contredire avec des actes erronés. Répétez-vous encore et encore :

« Je suis bon »
… jusqu’à ce que vous sentiez cette évidence vous pénétrer. Vous saurez d’instinct lorsque votre certitude sera totale. Vous deviendrez conscient du fait que votre nature est foncièrement bonne et cette certitude est puissamment dynamisante.

Une fois que vous aurez franchi ces deux étapes, vous serez prêt à vous soigner. Le processus de guérison commence souvent par une explosion de colère contre votre agresseur. Cette colère est bonne et saine, il ne faut pas l’escamoter. Il est naturel d’être en colère : regardez un peu tout ce que vous avez perdu dans cette affaire ! Peut-être éprouverez-vous le besoin de vous faire assister d’un thérapeute pour utiliser cette colère de façon constructive. Il faut que vous la tourniez vers l’extérieur et non pas vers vous-même ; mais il n’est pas nécessaire que vous l’exprimiez personnellement à votre agresseur. Il n’est pas nécessaire que vous exprimiez cette colère dans des comportements violents, ce qui vous rejetterait dans un cercle vicieux négatif. Après la colère survient le pardon : vous serez à même de comprendre que votre tortionnaire était lui-même prisonnier d’un cercle vicieux destructeur. Une fois que vous aurez pardonné, vous pourrez lâcher prise.

La dernière étape consiste à vous libérez de tout programme. Vous êtes responsable de votre vie, responsable de vos comportements. Si vous continuez ces violences contre vous-même ou contre les autres, c’est à présent de votre faute car vous savez que vous avez le choix. Jusqu’à aujourd’hui, vous étiez pris dans un schéma que vous n’aviez pas mis sur pied. Mais maintenant vous savez : dorénavant, vous êtes libre de vos décisions. Vous n’avez pas – et vous n’aurez jamais – de bonnes raisons pour vous maltraiter ; vous n’aurez jamais – de bonnes raisons pour vous punir ou vous comporter de façon destructrice. Vous pouvez vous aimer, accepter vos mauvais côtés, vous pardonner vos erreurs, vous défaire de votre douloureux passé et prendre la vie à bras-le-corps pour réaliser tout votre potentiel. Si vous décidez de persister à vous faire du tort et à vous comporter de façon destructrice, reconnaissez honnêtement que c’est votre choix, et non pas la conséquence de votre triste éducation. Votre enfant intérieur est à présent votre victime. Cet enfant mérite d’être aimé, d’être traité avec délicatesse, d’être gardé en sécurité.

Vous êtes le seul qui puissiez compenser les manques de votre passé.

– Quel but plus beau pourriez-vous vous fixer dans la vie ?!